Berbères et Arabes, l'histoire controversée
Publié par Med Kamel Yahiaoui dans Histoire · Mercredi 13 Fév 2019 · 3:30
« Le Maghreb est une partie intégrante et indissociable de la berbérie « tamazgha », tous ses habitants sont des imazighen d’origine, d’alliance de sang ou de culture à des degrés divers, personne n’a le monopole de l’amazighité pour exclure une partie d’entre elle ».
Le passé et l’origine des peuples sont, en quelque sorte, la lanterne qui
éclaire notre présent et notre futur et nous savons tous qu’ils sont, de nos
jours, tronqués pour diverses raisons.
Toutes les civilisations qui s’implantèrent dans la BERBERIE (l’actuel grand
Maghreb) tels les Carthaginois, Byzantins, Romains, Arabes ou Turcs, bien que
nous les nommions sous le vocable d’occupants, ont su enrichir les Berbères de
leur culture, créer des liens de sang et instituer une dualité de pouvoir alternant,
soit une cogestion régalienne avec les autochtones, ou leur laissant une totale
indépendance quant à la gouvernance de leur pays.
Mieux encore, les dirigeants berbères furent même promus à d’illustres
fonctions en dehors de leur propre pays comme Septime SÉVÈRE d’origine berbère
qui deviendra Empereur de Rome suivi de ses propres fils GARACALLA et GELA,
sans oublier cet autre berbère SAINT AUGUSTIN qui deviendra un des pères de
l’Église.
SHESHONG 1er, un autre authentique berbère, dix siècles avant Jésus-Christ ira
destituer le pharaon d’Égypte, et gouverner lui et sa descendance pendant un
peu plus de deux siècles non seulement l’Égypte, mais également les pays
limitrophes.
L’ère arabe, ce sera les grands empires berbères islamisés comme les
Almoravides et les Almohades, suivis de tant d’autres dynasties berbères qui
vont étendre leur puissance jusqu’en Espagne, créer des états indépendants et
s’imprégner de l’âge d’or des sciences en Andalousie.
La France comme les Anglais en Asie, les Portugais et les Espagnols en
Amérique du Sud, se verra échoir, dans la répartition des pays à coloniser par
les Occidentaux, le pré carré de l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’ouest pour
ne citer que les plus importants.
Contrairement aux précédentes civilisations en BERBERIE, la France
pratiquera une véritable colonisation des peuples et de leurs territoires.
Quel que fût le mode d’occupation, appellation de « Département
français pour l’Algérie », « protectorat » pour la Tunisie et le
Maroc, les raisons et les faits étaient, à quelques nuances près, analogues
dans les trois pays.
Contrairement, enseigner et développer la civilisation, que disait la France
de l’époque, les raisons véritables étaient d’ordre économique et la soumission
des peuples pour agrandir son empire imitant en cela les anglais.
En plus d’un siècle de colonisation, les pays berbères vont être dépossédés
de leurs biens, divisés dans leur rang et déculturés sciemment pour asseoir
l’autorité colonialiste sans partage de pouvoir.
De nos jours, les stigmates de la colonisation française perdurent et il
serait temps de s’en guérir.
Revisiter l’histoire de nos ancêtres qui a été tronquée ou controversée pour
des raisons multiples serait l’une des démarches à accomplir pour recouvrer la
gloire de nos aïeux, l’authenticité de nos origines et la fierté qui s’y
attache.
Mais pour que cela soit effectif, il faudrait se défaire des préjugés que
l’on nous a inculqués, celle de l’identité qui consiste à scinder en deux des
peuples de la même origine berbère, ceux qui parlent encore la langue berbère
et ceux qui ne la parlent plus.
Exclure à tort la totalité des Berbères linguistiquement arabisés de leur
origine berbère nécessite aujourd’hui que les historiens, les instances
étatiques et la société civile s’y attachent sérieusement afin de clarifier
cette inqualifiable controverse alors que même des études génétiques confirment
l’appartenance à un seul et même peuple.
Il faut également être à l’avant-garde contre ceux qui, par avidité de
pouvoir, par intérêts économiques ou par simple sectarisme, sont à l’affût du
moindre prétexte pour créer l’irréparable division.