Page 15 - Les histoires de DJEHA - Oeuvre libre de droit
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- Ughr-r-r-r, gronda-t-il de nouveau.
Le petit animal agita ses longues oreilles, à contre-
cœur, et s'en alla. Jubilant à l'évocation de l'importante
affaire qu'il allait réaliser au marché, Djeha tapota le
cou de son âne et se dirigea vers la place du marché.
- Voici un âne dont son propriétaire sera fier, dit Djeha
en remettant l'âne au commissaire-priseur.
- Un tel âne devrait rapporter un bon prix, dit le
commissaire-priseur.
Il poussa l'âne, pinça ses pattes et regarda ses dents.
Comme Djeha, il vanta bien fort ses mérites. Le
commissaire-priseur a aligné les animaux l'un après
l'autre pour la vente. Aucune offre n'a été faite pour
l'âne de Djeha. Ce dernier n'avait d'yeux que pour un
âne qu'il voyait plus grand, plus soyeux et plus dodu
que les autres. Sûrement c'était l'âne qu'il lui fallait.
Finalement, tous les ânes ont été vendus, sauf deux –
celui que Djeha avait apporté et celui qu'il avait décidé
d'emporter.
Il fut soulagé de voir que le commissaire-priseur
amenait d'abord son vieil âne. Il avait besoin d'avoir
l'argent de sa vente avant de faire une offre pour l'âne
sur lequel il avait jeté son dévolu.
- Voici un âne qui vaut la peine d'être acheté ! Dit le
commissaire-priseur, en se frottant les mains. J'ai
souvent observé cet âne et j'ai regretté qu'il n'ait pas
été mien. Voyez cette lueur dans ses yeux ! C'est un âne
qui vous obéira avant que vous ne lui en ayez donné
l'ordre. Regardez ces muscles ! Et ces pieds graciles !