Page 42 - Les histoires de DJEHA - Oeuvre libre de droit
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plus pénible encore était la somnolence qui le tenaillait.
Il se devait de rester éveillé, ne serait-ce que pour
réchauffer, en les battant, ses pieds et ses mains glacés.
Il avait constaté qu'il était plus facile de lutter contre le
sommeil en fixant la bougie qui clignotait dans la
maison de Mahmoud. Le matin est enfin venu. Des
curieux ont rencontré Djeha, frissonnant et baillant, qui
rentrait chez lui prendre une tasse de café chaud. Ils lui
ont demandé des nouvelles de sa nuit et ont été
émerveillés de ce qu'il avait fait.
- Comment as-tu pu rester éveillé toute la nuit ? Lui
ont-ils demandé.
- J'ai fixé une bougie vacillante dans la maison de
Mahmoud, a-t-il répondu.
- Tu as bien dit une bougie ?
- Bien sur, répondit Djeha.
- Une bougie allumée produit une flamme. La flamme
donne la chaleur. Tu t'es donc réchauffé grâce à la
chaleur de cette bougie. Tu as perdu ton pari.
D'abord Djeha a essayé de rire de leur argumentation,
mais il constatait bientôt qu'ils ne plaisantaient pas. Il
ne pouvait pas convaincre ses amis qu'une bougie à
l'intérieur d'une maison distante ne pouvait procurer
aucune chaleur à un homme se trouvant dehors sur la
place enneigée.
- Quand viendrons-nous chez toi, pour le banquet ? Lui
dirent ses amis, insistant sur le fait qu'ils avaient gagné
le pari.
- Venez ce soir, à la nuit tombée, leur dit Djeha.