Page 64 - Les histoires de DJEHA - Oeuvre libre de droit
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appris à nager ?
- Non, jamais ! Dit-les avant qui se débattait pour ne
pas se noyer.
- Dans ce cas, lui cria Djeha, ce n'est pas la moitié,
mais c'est votre vie entière qui est perdue.
Érudits et Ignorants
Il y avait un seul jour de la semaine qui inquiétait
Djeha. Durant six jours, il était aussi libre qu'un
papillon. Il pouvait bavarder avec ses amis sur la place
du marché ou se rendre à dos d'âne au village voisin. Il
pouvait travailler dans son vignoble ou aller chasser
dans les collines. Il pouvait se rendre au café ou
flemmarder au soleil sur sa terrasse. Il n'y avait rien
pour le bousculer, pour être à une certaine place ou à un
certain moment ni pour faire telle ou telle chose.
Mais le vendredi était différent, beaucoup plus
différent. C'est le jour où tous les bons musulmans se
rendent à la mosquée. Parce que Djeha avait, des
années auparavant, suivi l'école coranique, on lui
demandait, chaque vendredi, de monter à la chaire de la
mosquée et de faire un sermon. Cela lui convenait
quand il avait quelque chose à dire, mais il y avait
nombre de vendredis où il n'avait pas plus d'idées que
son petit âne gris. C'est une chose que d'échanger des
histoires avec ses amis au café, cela en est tout à fait
une autre que de parler, du haut de la chaire, à une
nombreuse et attentive assistance.
Les hommes, accroupis sur leur tapis de prière, le