Page 65 - Les histoires de DJEHA - Oeuvre libre de droit
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regardaient avec une mine solennelle. Derrière le
treillage, les femmes attendaient aussi. Bien sûr, la
psalmodie, qui venait avant le sermon, n'était pas
difficile pour lui, car tous les hommes y participaient,
s'inclinant jusqu'à toucher le sol avec leur front. Mais le
sermon c'est cela qui était difficile.
Un vendredi, il marchait plus lentement que d'habitude
dans les rues pavées d'AkShehir et s'arrêta à la porte de
mosquée pour y laisser ses chaussures. Il bavarda avec
les autres hommes qui prenaient place sur les tapis
épais et moelleux. Eux pouvaient s'accroupir sur les
tapis, alors que lui devait monter à la chaire surélevée.
Peut-être la beauté de la mosquée lui donnerait-elle une
idée ? Il leva les yeux vers le plafond, mais aucune
pensée ne lui vint. Il observa les mosaïques sur les
murs, mais il n'y trouva aucune aide. Il scruta les
visages des hommes qui le regardaient fixement. Il
entendait les chuchotements et les rires discrets des
femmes voilées, assises derrière le balcon grillagé.
Il se devait de dire quelque chose.
- Oh, gens d'AkShehir ! Savez-vous ce que je vais vous
dire ?
- Non ! Répondirent, d'une seule voix, hommes et
femmes.
- Vous ne savez pas ? Dit Djeha. Vous êtes sûrs de ne
pas savoir ? Alors à quoi cela sert-il de parler à des
gens qui ne savent rien sur un sujet aussi important.
Mes mots ne seront d'aucune utilité pour des gens aussi
ignorants.