Page 16 - Histoire d'ANNIBAL par Cdt Eugène HALLIBERT 1870 - DZWEBDATA
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Les Tyriens passent pour les inventeurs de la viticulture. On exportait au loin les
vins de Tyr, Byblos, Béryte, Tripoli, Sarepta, Gaza, Ascalon.
L'art de saler les poissons remonte à une haute antiquité. Les pêcheries de Tyr et
de Béryte étaient très-productives.
La métallurgie était fort en honneur dans les villes de la confédération.
Les mines les mieux exploitées se trouvaient dans l'île de Chypre, dans la
Bithynie, la Thrace, la Sardaigne, l'Ibérie, la Mauritanie. On ne possède que des
documents incomplets sur les méthodes d'exploitation des Phéniciens ; mais il
est certain qu'ils savaient habilement travailler les métaux, en tirer des objets de
toute forme et de toute grandeur. Une foule d'ustensiles élégants et souvent de
dimensions colossales sortaient des ateliers des fondeurs. Sous le règne de
Hiram Ier, l'or et le bronze concouraient sous mille formes diverses à
l'ornementation des édifices de Tyr1.
L'architecture était aussi portée à un haut degré de perfection. Le chapitre vu du
troisième livre des Rois est en partie consacré à la description de l'ordre tyrien.
Les colonnes de bronze avaient environ huit mètres de hauteur ; les chapiteaux,
dont la forme rappelait celle du lis, étaient hauts de deux mètres vingt-cinq
centimètres, et le luxe des motifs adoptés pour la décoration de l'ensemble peut
donner une idée de la richesse de style des édifices de Carthage.
Les déplacements violents dus à la politique des peuples conquérants
n'engendrent ordinairement que des colonies militaires, stationnées dans des
places fortes et n'exerçant qu'une influence restreinte sur la civilisation du pays
occupé. Les peuples commerçants pratiquent un autre système de colonisation.
Chacun des centres de population par eux créés à l'étranger est le vrai foyer de la
métropole. Chaque ville qu'ils fondent loin de la patrie est et demeure une
fraction intégrale de la nation, transportée tout entière avec ses dieux, son génie
et ses mœurs.
Ces transplantations en bloc sont singulièrement fécondes. D'abord les peuples
barbares, attirés par l'appât des échanges et séduits par la supériorité de leurs
conquérants pacifiques, se laissent insensiblement initier au progrès. En second
lieu, les rapports qui s'établissent entre les métropoles et leurs colonies lointaines
ne font que hâter de chaque côté le développement des notions de droit civil et
de droit politique.
L'invention des pourpres, attribuée à l'Hercule tyrien, remontait à la plus haute
antiquité. On teignait à Tyr toutes les étoffes de coton, de lin, de soie, mais plus
spécialement de laine.
Les tissus de Phénicie étaient partout fort recherchés. Homère mentionne avec
admiration les tuniques provenant de Sidon et de Tyr. Elles étaient fabriquées
avec une laine excessivement fine, provenant de ces brebis d'Arabie dont parle
Hérodote (III, CXIII).