Page 51 - Les histoires de DJEHA - Oeuvre libre de droit
P. 51
Tamerlan. Personne, dans mes cuisines, ne peut rôtir
une oie avec une telle perfection !
- Oui, acquiesça Djeha, Kalima est effectivement une
excellente cuisinière.
Il disserta longuement sur les pilafs de Kalima, les
potages de Kalima, les dolmas de Kalima, les baklavas
de Kalima. Il parlait rapidement, pour que Tamerlan ne
remarque pas l'absence de la cuisse.
- C'est étrange - très étrange ! Dit Tamerlan en
regardant attentivement l'oie. Cette oie n'a qu'une seule
cuisse.
- Pour être sûr ! Répliqua Djeha, à combien de cuisses
vous attendiez-vous ?
- Deux, bien sûr !
- Deux cuisses ? Rétorqua Djeha. Pas à AkShehir. Dans
d'autres villes, les oies peuvent avoir deux cuisses ou
trois ou même quatre, mais celles d'AkShehir sont
célèbres pour être unijambistes.
- Comment peux-tu me mentir ainsi ? Tamerlan se leva,
sa bonne humeur ayant disparu comme la cuisse de
l'oie. Tu sais aussi bien que moi ce qui est arrivé à
l'autre cuisse. Des oies unijambistes d'AkShehir,
vraiment !
- Bien, si vous ne me croyez-pas, venez constater par
vous-même.
Djeha le dirigea vers la fenêtre.
- Voyez les célèbres oies unijambistes d'AkShehir près
de votre propre fontaine.
Tamerlan regarda dans la direction indiquée par Djeha.