Page 50 - Les histoires de DJEHA - Oeuvre libre de droit
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La cuisse manquante
           Djeha marchait à grands pas par les rues d'AkShehir,
           une main saisissant fermement l'oie rôtie mise sous son
           bras, l'autre main pinçant son propre nez pour le tenir
           fermement serré. Il n'avait aucune confiance en lui et ne
           voulait pas prendre le risque de voir l'arôme de l'oie
           rôtie le tenter. L'oie était un présent pour Tamerlan et
           devait arriver entière à son destinataire.
           Une mouche se posa sur le front de Djeha. Il ôta la
           main de son nez, juste le temps de chasser la mouche,
           mais l'arôme épicé de l'oie rôtie envahit ses narines. Il
           s'est souvenu qu'il y avait longtemps qu'il n'avait goûté
           de l'oie rôtie. Après tout, il y avait beaucoup à manger
           au palais de Tamerlan. Ce dernier ne sera pas privé, s'il
           ne manquait qu'un tout petit bout d'oie, une cuisse bien
           dodue, par exemple.
           Tout en grignotant un morceau de la volaille, il ne
           pouvait pas s'empêcher de se demander ce que
           Tamerlan penserait d'une oie rôtie avec une seule
           cuisse. Peut-importe. Il s'en inquiétera le moment venu.
           La succulente cuisse qu'il était en train de déguster
           valait n'importe quel ennui ultérieur. Djeha trouva

           Tamerlan tout à fait de bonne humeur et heureux
           d'avoir de la compagnie. Il sembla reconnaissant de
           recevoir une oie aussi succulente, comme si les
           gigantesques étagères de son garde-manger étaient
           vides. Il a tourné l'oie à plusieurs reprises, pour mieux
           admirer ses rondeurs.
           - Quelle cuisinière que ta Kalima ! S'exclama
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