Page 54 - Histoire d'ANNIBAL par Cdt Eugène HALLIBERT 1870 - DZWEBDATA
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sens ; enfin le versant septentrional de l'Atlas, scène principale de ses opérations
commerciales et militaires1.
Il convient, en conséquence, de donner tout spécialement une description de
cette Afrique Mineure, si souvent éclairée par les lueurs intermittentes de la
civilisation, tandis que le reste du continent africain a toujours été le domaine
d'une immuable et honteuse barbarie. Dieu veuille ne point éclipser en Algérie
la lumière venue de France !
On désigne sous le nom d'Atlas le massif montagneux qui, de la Tunisie au
Maroc, décrit un arc de cercle dont la convexité regarde le nord. Le versant
septentrional n'a pas plus de 240 kilomètres de largeur, et les plus grands
empâtements sont aux extrémités de l'arc de cercle, au Maroc et en Tunisie.
C'est en Algérie que se rencontrent les plus faibles épaisseurs. Le massif se
compose de trois chaînes parallèles, qui s'étagent par gradins à partir de la côte,
et que séparent de larges plateaux. Chacune de ces énormes gibbosités du sol
présente de larges brèches, livrant passage à des cours d'eau torrentueux, et cette
disposition lui donne l'aspect, non d'une chaîne continue, mais d'un ensemble de
groupes isolés les uns des autres.
Les crêtes du petit Atlas n'ont que 320 kilomètres de développement, et la
distance qui les sépare de la côte ne dépasse pas 60 kilomètres. Ce premier pâté
de montagnes baigne son pied dans la mer, entre Bougie et Mostaganem, et se
limite, au sud, aux vallées de l'oued Sah'el (la Summam) et du Cheliff. De
tortueuses vallées, des gorges profondes, de rapides torrents, des pitons
nettement détachés, un pénible enchevêtrement de formes, lui donnent une
physionomie des plus houleuses. Les mouvements les plus prononcés du petit
Atlas se dessinent à ses deux extrémités, au Djerdjera2 et au Dahrâ3.
Au sud du Cheliff et de l'oued Sah'el, qui s'opposent leurs vallées, se
développent d'autres hauteurs, toujours parallèles à la côte, et qui, derrière le
petit Atlas, forment le bourrelet méditerranéen. Ce rideau de montagnes, assez
improprement nommé moyen Atlas, a sa crête tendue du cap Bon, qui forme le
golfe de Tunis, à l'est, au cap Ger, sur l'Océan. L'altitude moyenne de cette crête
est de i500 mètres ; quelques cimes dépassent 3000 mètres. Les points les plus
remarquables sont, en Tunisie : le Sar'ouan, le Barkou, le Silk, le Djefara, le
Mechila ; en Algérie : Tebessa, Aïn el-Beîd'a, l'Agrioun, le Bou-T'àleb, Aumale,
Boghar, Tnîet el-Had, Tiaret, Sa’ïda, Daya, Sebdou ; au Maroc : le Tendera,
Ir'illel-Abhari, le Magran, le Miltsiu.
Enfin, au troisième plan, derrière ce qu'on appelle le petit et le moyen Atlas, se
dresse une chaîne intérieure qui, par sa masse imposante, a naturellement droit
au nom de grand Atlas, si tant est que cette dénomination doive encore prévaloir.
Sa crête, qui se dirige du golfe de Qàbes, en Tunisie, au mont Miltsin, en Maroc,
dessine plus particulièrement, en Tunisie : l'Auktar et l'Henmara ; en Algérie : le
massif de l'Aurès, celui du djebel el-A'mour, Géryville, le djebel Ksan ; au
Maroc : le Maïs, le Mallog, le Sakerou.