Page 56 - Histoire d'ANNIBAL par Cdt Eugène HALLIBERT 1870 - DZWEBDATA
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               Le  grand  Atlas1  pousse  à  ses  deux  extrémités  de  longues  ramifications.  A
               l'ouest, il descend jusqu'à la hauteur des Canaries, qui le prolongent en mer et
               semblent les parafouilles de sa base ; à l'est, il se répand par masses confuses sur
               toute la côte tripolitaine, et ses derniers contreforts se soudent aux falaises du
               Fezzan.

               En résumé, le système orographique de l'Afrique septentrionale se compose de
               deux massifs : l'un, dit du littoral ou méditerranéen, a pour avant-scène le petit
               Atlas et pour crête une courbe ondulée qui, sous le nom de moyen Atlas, suit en
               Algérie la ligne de ceinture du Tell ; l'autre, dit massif intérieur ou grand Atlas,
               dessine  sa  crête  parallèlement  à  celle  du  massif  méditerranéen,  à  160  ou  200
               kilomètres en arrière.

               Entre  les  deux  chaînes  s'étend  une  zone  de  landes,  dite  région  des  hauts
               plateaux et présentant sa plus grande largeur en Algérie. Là les eaux des deux
               versants  parallèles  n'ont  aucun  écoulement,  et  ne  peuvent  que  se  réunir  en
               grandes flaques, qui ont reçu le nom de Sebkha ou Cht'out' (pluriel de chot't').
               Les plus importants de ces lacs salés sont, en Tunisie : ceux de Kairoan, de Sidi-
               el-Heni et de T'râra ; en Algérie : ceux d'Es-Sa'ïda, d'Ech-Cherguî, d'EI- R'arbî ;
               au Maroc : celui de Tir'j. Les plateaux principaux sont : les Sbach, le Hodna, le
               Zarès, le Sersou, tous en Algérie.

               Le revers méridional du massif intérieur est également occupé par une suite de
               cht'out'  et  de  gour2,  quelques  massifs  de  montagnes,  des  cours  d'eau  qui  se
               perdent dans les sables, des dunes et des bouquets de palmiers. C'est la région
               des oasis ou le S'ah'râ3, que parcourent en tous sens des populations nomades.
               De  misérables  qs'our4,  bâtis  là  seulement  où  la  vie  sédentaire  est  possible,
               rompent  çà  et  là,  sur  la  piste  du  dromadaire,  la  monotonie  de  ces  immenses
               solitudes.

               La région saharienne peut se limiter à une ligne passant par R’damés, El-Golea,
               Timimoun, El-Harib et Tekna. Le chot't' le plus considérable (Chot't' el-Kebîr)
               se  trouve  en  Tunisie  ;  c'est  le  lac  Triton  des  anciens.  Les  oasis  les  plus
               importantes sont celles du Souf, de l'oued R'îr, de l'ouâd Temàcin, d'Ouargla,
               des Baï-Mzàb, des Oulâd-Sidi-Cheik5, en Algérie ; celle de Ktaoua, au Maroc.

               Tel est, rapidement esquissé, le tableau de cette Afrique septentrionale, désignée
               par les anciens sous des dénominations diverses, dont la plus usitée fut celle de
               Libye6.





                 Nommé aussi, au Maroc, Idrar-n-Deren ; c'est bien le Δύρις de Strabon (XVI,
                  IV).
               2 Les gour (pluriel de gàra), larges plateaux tailles à pic au milieu des plaines
               du S'ah'râ, et dont la hauteur varie de 20 à 50 mètres. Ce sont les îles d'une mer
               de sable. On les appelle aussi hammada, à cause de la forme qu'ils affectent : ils
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