Page 60 - Histoire d'ANNIBAL par Cdt Eugène HALLIBERT 1870 - DZWEBDATA
P. 60

60






               considérables sont ceux du Sar'ouan, dont l'altitude est de 4o14 mètres, et du
               Mechila, qui s'élance à 4.448 mètres au-dessus du niveau de la Méditerranée.

               Le grand Atlas tunisien est à peu près parallèle à la côte septentrionale. Il passe
               par Qâbes, à 34 degrés de latitude nord, et ne s'est élevé que de 4o minutes sur le
               parallèle de Qàbes lorsqu'il entre en territoire algérien.

               Les côtes tunisiennes sont d'ailleurs bordées d'une suite de hauteurs, qui, sous le
               nom de monts d'Afrique, dessinent un feston continu de Guelma à Bizerte. Le
               bourrelet se prononce de nouveau aux environs de Souse, et descend dès lors
               droit au sud, non sans subir toutefois la déviation due à la conque du golfe de
               Qàbes.  Cette  chaîne  littorale  est  assez  importante  pour  que  ses  différentes
               sections aient reçu des noms distincts, parmi lesquels ceux de Felch, d'Ard, de
               Douïra, de djebel Dahar. Ses crêtes encadrent la Régence, suivant un angle droit
               ayant pour sommet le cap Bon et pour bissectrice le moyen Atlas, qui marie ses
               contreforts aux ramifications des montagnes de la côte.

               Le système orographique de la Tunisie est empreint d'un cachet particulier. Les
               reliefs  y  sont  essentiellement  mamelonnés,  frangés  de  pitons  ;  et  à  cette
               disposition du terrain correspond une représentation graphique bien caractérisée

                 tout  profil  accuse  la  forme  dite  en  scie1  ;  tout  plan,  la  forme  en  chapelet.
               D'autre part, la multitude des cols y rend les communications faciles, et, bien
               que le pays soit accidenté, les opérations militaires peuvent s'y conduire presque
               aussi franchement qu'en pays découvert.

               Le bassin de la Medjerda2 est compris entre le bourrelet de la côte septentrionale
               et  le  moyen  Atlas.  Ce  cours  d'eau  prend  ses  sources  aux  environs  de  Souk-
               Ahras3, et coule du sud-ouest au nord-est, suivant une direction générale à peu
               près parallèle à la chaîne de l'intérieur. Il débouche dans la mer à Porto-Farino,
               non loin de l'ancienne Utique. Ses affluents sont : l'oued Soudjeras, l'oued el-
               Boull, l'oued es-Serrat, la Chiliana, dont le confluent est à peu de distance de
               Testoura, et un grand nombre de petits ruisseaux torrentueux. Comme la plupart
               des rivières d'Afrique, la Medjerda est elle-même un torrent dont les crues sont
               terribles. Les eaux, alors chargées de débris de roches et de végétaux de toute
               espèce,  en  ralentissent  singulièrement  le  cours  inférieur.  Les  alluvions,
               emportées à la côte, déplacent fréquemment le lit et créent, à l'embouchure, des
               barres dont la position est également variable. C'est la Medjerda qui a ensablé
               les ports d'Utique et de Carthage.

               A l'ouest de la Medjerda, la rivière la plus importante est l'oued Zaïn, ou Berber
               (l'ancienne  Tusca),  qui  prend  sa  source  sur  le  revers  nord  du  bourrelet
               méditerranéen, près de Bagga (l'ancienne Vacca), et sert de limite entre l'Algérie
               et la Régence.

               A  l'est,  on  remarque  l'oued  Miliana,  que  l'on  nomme  encore  Bahir't  el-
               Mournouk.  C'est  l'ancienne  Catada,  qui,  sortie  du  moyen  Atlas,  coule
               parallèlement à la Medjerda, et débouche dans le golfe de Tunis, sous R'adès,
               l'ancienne Adis, célèbre par la victoire de Regulus.
   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65