Page 96 - Histoire d'ANNIBAL par Cdt Eugène HALLIBERT 1870 - DZWEBDATA
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inutiles dans une aussi petite entreprise, et si Carthage eût pu en réunir autant,
on en eût vu bien davantage dans l'expédition d'Annibal, qui était d'une bien
autre importance, et qui pourtant n'avait pas au delà de 40 à 50.000 hommes.
Ces forces de terre et de mer étaient placées sous le commandement du soff'ète
Imilcon. L'habile général recouvre bientôt Motya, prend Messine, Catane, et
marche sur Syracuse, dont il forme le siège (396-395). Mais la défense de la
place est solidement organisée, et l'armée assaillante doit céder aux efforts d'une
intangible armée de secours. C'est l'épouvantable typhus qui revient encore à la
charge. Les forces carthaginoises, déjà fort décimées, sont cette fois anéanties.
Mais Carthage veille au salut de son empire. Elle refait vite son armée de Sicile,
et Magon, qui la commande, obtient quelques succès, aboutissant à un nouveau
traité consenti par Denys (395). La signature du tyran de Syracuse n'a
malheureusement point de valeur, et ne saurait être un gage de conventions
durables. Effectivement, Denys l'Ancien reprend brusquement les hostilités, et,
vainqueur à Cabala (383), il déclare qu'il ne posera les armes qu'après que les
Carthaginois auront évacué toute la Sicile.
Magon avait péri à Cabala. Son fils, qui se nommait aussi Magon, répara les
désastres de cette journée, reprit toutes les places perdues, et sut contenir Denys
dans les limites prévues par les traités de 404 et de 395. Enfin la mort du tyran,
survenue en 368, délivra Carthage de ses plus sérieuses inquiétudes. La guerre
qui, depuis trente ans, désolait la Sicile était restée sans résultats pour chacun
des adversaires en présence. Aucun des deux ne se croyait encore assez fort pour
renverser l'autre, et cette situation les ramena au statu quo de 404. Les limites
précédemment admises furent de nouveau posées entre les territoires de
Carthage et de Syracuse.
Cependant une étoile brillante montait à l'horizon du monde politique : l'astre de
Rome grandissait de jour en jour, et les yeux de Carthage en étaient
désagréablement éblouis. Celle-ci crut urgent de couper court aux prétentions
d'une jeune République dont l'esprit de conquête venait de se révéler. Les deux
futures rivales entrèrent en conférence, et un nouveau traité intervint entre elles
(347). Voici les dispositions principales de cet acte important, dont Polybe1
nous a conservé le texte :
Il y aura amitié entre les Romains et les alliés des Romains, d'une part, et le
peuple des Carthaginois, des Tyriens, des Itykéens (gens d'Utique), et les alliés
de ceux-ci, d'autre part.
Au delà du Beau Promontoire, de Mastia, de Tarseion, les Romains ne pourront
faire ni pillage, ni commerce, ni créer d'établissements.
colossale, ne comportait cependant qu'un effectif de 132.000 hommes et 15.000
chevaux.