Page 305 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
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Elle vint vers moi, vêtue de sa beauté comme le
rosier de ses fleurs, et les seins en avant, comme
des grenades. Je m'écriai : « Voici la rose des gre-
nades ! »
Je me trompais. On ne peut comparer, ô jeune
fille, tes joues aux roses et tes seins aux grenades.
Car ni les roses des rosiers, ni les grenades des gre-
nadiers ne sont comme tes joues et comme tes seins.
Les roses, on peut respirer leur parfum et les gre-
nades, on peut les cueillir, mais toi, ô virginale ado-
lescente, qui peut se flatter de te sentir ou de te tou-
cher ?
Viens, ô jeune fille ! Le sage est celui qui se
réjouit toujours.
Passe-moi du vin qui rendra plus chaude la cou-
leur de tes joues.
Nous n'avons pour témoins que les orangers qui
parfument le vent et les ruisseaux qui s'enfuient en
riant.
Nous n'avons pour témoins que la lune et ees com-
pagnes, que les jasmins, les œillets et les roses. Viens
dans mes bras, l'amour me brûle, je n'en peux plus.
Mais d'abord, baisse ton voile, car Allah, s'il nous
voyait, serait jaloux I
Si je pouvais reposer sur ton sein une seule nuit,
je croirais avoir touché le ciel do la tête.
Je briserais la Flèche dans la main du Sagittaire,
et j'enlèverais sa couronne à la lune.