Page 89 - Les histoires de DJEHA - Oeuvre libre de droit
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beaux. Alors Djeha regarda ses propres mains, durcies
par le travail dans le vignoble. Il regarda ses propres
vêtements rapiécés. Tranquillement, il s'esquiva,
détacha son âne et rejoignit sa maison.
- De l'eau chaude et du savon, ordonna-t-il à sa femme.
Mes nouvelles chaussures ! Mon turban le plus beau !
Mon beau burnous blanc ! Ajouta-t-il.
Djeha était devenu un homme nouveau, que sa femme
admirait, ne l'ayant pas vu, depuis des années, aussi
bien paré. Arrivant à la maison de Khalid, un
domestique le salua et le conduisit dans la pièce du
banquet. Khalid l'escorta à la meilleure place. Il fut
bien servi et tous les hommes lui souriaient et ne
prêtaient attention qu'à lui. Au moment le plus propice,
Djeha prit le morceau de viande le meilleur et, au lieu
de le porter à sa bouche, ouvrant son burnous, il plaça
la viande dans une poche intérieure.
- Mange, burnous, mange ! Dit Djeha, qui fit suivre la
viande par une poignée de pilaf, un morceau de
fromage et une figue.
- Mange, burnous, mange ! Répétait Djeha à chaque
bouchée introduite dans la poche intérieure du burnous.
Les invités se sont arrêtés de manger pour regarder
Djeha alimentant son burnous.
- Dites-moi, Djeha Effendi, lui dit Khalid, que signifie
cette façon de parler à votre burnous et de lui donner à
manger.
- Quand je suis entré ici avec mes vieux habits, il n'y
avait pas de place pour moi à cette table. Mais quand