Page 3 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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I. C'est à tort que, les hommes se plaignent de leur
condition sous prétexte que leur vie, si faible et si courte,
serait gouvernée par le hasard plutôt que par la vertu. Loin
de là, quiconque voudra y penser reconnaîtra qu'il n'y a rien
de plus grand, de plus élevé, que la nature de l'homme et
que c'est moins la force ou le temps qui lui manque, que le
bon esprit d'en faire usage. Guide et souveraine de la vie
humaine que l'âme tende à la gloire par le chemin de la
vertu alors elle trouve en elle sa force, sa puissance, son
illustration : elle se passe même de la fortune, qui ne peut
donner ni ôter à personne la probité, l'habileté, ni aucune
qualité estimable. Si, au contraire, subjugué par des
passions déréglées, l'homme s'abandonne à l'indolence et
au plaisir des sens, à peine a-t-il goûté ces funestes délices,
il voit s'évanouir et s'éteindre, par suite de sa coupable
inertie, et ses forces, et ses années, et son talent. Alors il
accuse la débilité de son être et s'en prend aux
circonstances du mal dont lui seul est l'auteur. Si les hu-
mains avaient autant de souci des choses vraiment bonnes
que d'ardeur à rechercher celles qui leur sont étrangères,
inutiles et même nuisibles, ils ne seraient pas plus maîtrisés
par les événements qu'ils ne les maîtriseraient eux-mêmes,
et s'élèveraient à ce point, de grandeur, que, sujets à la
mort, ils devraient à la gloire un nom impérissable.
II. L'homme étant composé d'un corps et d'une âme, tous
les objets extérieurs, aussi bien que toutes ses affections,
tiennent de la nature de l'un ou de l'autre. Or la beauté,
l'opulence, la force physique et tous les autres biens de ce
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