Page 4 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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genre passent vite mais les œuvres éclatantes du génie sont
immortelles comme l'âme. En un mot, les avantages du
corps et de la fortune ont une fin, comme ils ont eu un
commencement. Tout ce qui a pris naissance doit périr,
tout ce qui s'est accru, décliner mais l'âme incorruptible,
éternelle, souveraine du genre humain, fait tout, maîtrise
tout et ne connaît pas de maître. Combien donc est
surprenante la dépravation de ceux qui, entièrement livrés
aux plaisirs du corps, passent leur vie dans le luxe et dans
la mollesse, tandis que leur esprit, la meilleure et la plus
noble portion de leur être, ils le laissent honteusement
sommeiller dans l'ignorance et dans l'inertie, oubliant qu'il
est pour l'âme tant de moyens divers d'arriver à la plus
haute illustration!
III. Parmi ces moyens, les magistratures, les commande-
ments, enfin toute participation aux affaires publiques, ne
me paraissent guère dignes d'être recherchés dans le temps
présent car ce n'est pas au mérite qu'on accorde les
honneurs et ceux qui les ont acquis par des voies
frauduleuses n'y trouvent ni sûreté, ni plus de
considération. En effet, obtenir par violence le
gouvernement de sa patrie ou des sujets de la république,
dût-on devenir tout-puissant et corriger les abus, est
toujours une extrémité fâcheuse, d'autant plus que les
révolutions traînent à leur suite les massacres, la fuite des
citoyens, et mille autres mesures de rigueur. D'un autre
côté, se consumer en efforts inutiles, pour ne recueillir,
après tant de peine, que des inimitiés, c'est l'excès de la
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