Page 5 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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folie, à moins qu'on ne soit possédé de la basse et funeste
manie de faire en pure perte, à la puissance de quelques
ambitieux, le sacrifice de son honneur et de sa liberté.
IV. Au reste, parmi les autres occupations qui sont du
ressort de l'esprit, il n'en est guère de plus importante que
l'art de retracer les événements passés. Tant d'autres ont
vanté l'excellence de ce travail, que je m'abstiens d'en
parler, d'autant plus qu'on pourrait attribuer à une vanité
déplacée les éloges que je donnerais à ce qui fait
l'occupation de ma vie. Je le pressens, d'ailleurs : comme
j'ai résolu de me tenir désormais éloigné des affaires
publiques, certaines gens ne manqueront pas de traiter
d'amusement frivole un travail si intéressant et si utile,
notamment ceux pour qui la première des études consiste à
faire leur cour au peuple, et à briguer sa faveur par des
festins. Mais que ces censeurs considèrent et dans quel
temps j'obtins les magistratures, et quels hommes ne purent
alors y parvenir, et quelle espèce de gens se sont depuis
introduits dans le sénat, ils demeureront assurément
convaincus que c'est par raison, et non par une lâche
indolence, que mon esprit s'est engagé dans une nouvelle
carrière, et que mes loisirs deviendront plus profitables à la
république que l'activité de tant d'autres. J'ai souvent ouï
raconter que Q. Maximus, P. Scipion, et d'autres
personnages illustres de notre patrie, avaient coutume de
dire qu'à la vue des images de leurs ancêtres leurs cœurs se
sentaient embrasés d'un violent amour pour la vertu.
Assurément ni la cire, ni des traits inanimés, ne pouvaient
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