Page 274 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
venir son amant et était en train de lui offrir un
excellent dîner.
Le mari entra subitement.
Les amoureux se crurent perdus. Mais, au lieu de
se mettre en colère, le mari salua aimablement l'in-
trus et se déclara charmé de le recevoir chez lui.
L'amant et la femme furent fort étonnés, mais ils
ne dirent rien ; et tous trois passèrent une bonne
soirée ensemble. Puis l'amant se retira.
Quelques semaines plus tard, le mari répudia sa
femme sans autre forme de procès et sans rien dire
de l'aventure.
L'amant épousa la femme divorcée.
Mais celle-ci ne tarda pas longtemps à se dégoûter
de lui et à tomber dans de nouveaux dévergondages.
Elle prit un voisin comme amant.
Un jour le mari les surprit ensemble et, trans-
porté de rage, tua son rival.
Alors la dévergondée se mit à crier de toutes ses
forces pour ameuter les voisins.
Quand ceux-ci entrèrent, elle leur dit d'aller cher-
cher la police.
Puis elle déclara :
— Mon mari vient de tuer un homme. Le cadavre
est encore là. Mon mari est un monstre. Il a amené
cet homme ici comme hôte, et il l'a immolé, malgré
les' lois les plus sacrées, sous son toit.
Telle est la perfidie des femmes.
Le pauvre mari fut arrêté, incarcéré et pendu
bientôt à une potence.
Le premier époux de la femme vint à passer devant
ce gibet et apostropha le supplicié en ces termes :
— Pourquoi n'as-tu pas suivi mon exemple ? Notre
maudite femme t'a fait subir le même sort qu'à moi.
Mais tu as manqué de sang-froid. Un peu de pa-
tience t'aurait épargné ce triste sort.
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