Page 37 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
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Un homme avait un père très âgé, infirme, paraly-
tique, tombé presque en enfance, et dont il devait
beaucoup s'occuper. Ces pieux devoirs lui devinrent à
charge et il finit par pousser l'ingratitude au, point
de vouloir se débarrasser de l'auteur de ses jours.
Il le prit sur son dos et le porta au fond d'un bois,
dans un lieu désert oii il voulut l'abandonner.
— Mon fils, lui dit alors le vieillard, je te prie et
te conseille, non seulement au nom de la piété filiale,
mais dans ton propre intérêt, de me reconduire à la
maison.
— Et pourquoi donc ?
— C'est ici l'endroit oii, il y a 5o ans, j'ai moi-
même, que Dieu me pardonne ! porté et abandonné
mon' père, comme tu veux faire aujourd'hui. Si tu
mets à exécution ton dessein, ton fils se conduira un
jour aussi de même avec toi-même. Il ne faut pas
que la chose se perpétue dans notre famille.
Un bateleur, sur la place publique, montre la force
de ses biceps et porte à bras tendu un poids de cent
kilos.
Puis il demande à la foule de lui jeter quelque^
pièces de monnaie.
— Tu ferais mieux de travailler à quelque chose
d'utile, lui crie un spectateur.
L'athlète se met alors en colère et lance quelques
injures bien senties à celui qui vient de parler, le
priant de se mêler de ce qui le regarde et avançant
que son père pourrait bien être un âne...
— Comment riposte l'autre. Tu supportes sans
!
faiblir un poids de cent kilos ! Et tu ne peux sup-
porter une simple parole !...
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