Page 584 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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Schaban. « Hé quoi ! disait Bedreddin,
faut-il qu’on ait tout
rompu et brisé dans ma maison, qu’on
m’ait emprisonné dans
une caisse, et qu’enfin on s’apprête à
m’attacher à un poteau, et
tout cela parce que je ne mets pas de
poivre dans une tarte à la
crème ! Hé ! grand Dieu, qui a jamais
ouï parler d’une pareille
chose ? Sont-ce là des actions de
musulmans, de personnes qui
font profession de probité, de justice,
et qui pratiquent toutes
sortes de bonnes œuvres ? » En disant
cela il fondait en larmes ;
puis, recommençant ses plaintes : «
Non, reprenait-il, jamais
personne n’a été traité si injustement
ni si rigoureusement. Est-
il possible qu’on soit capable d’ôter
la vie à un homme pour
n’avoir pas mis de poivre dans une
tarte à la crème ? Que mau-
dites soient toutes les tartes à la
crème, aussi bien que l’heure
où je suis né ! Plût à Dieu que je
fusse mort en ce moment ! »
Le désolé Bedreddin ne cessa de se
lamenter, et lorsqu’on
apporta le poteau et les clous pour l’y
clouer, il poussa de grands