Page 23 - Les histoires de DJEHA - Oeuvre libre de droit
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que je consulte la jurisprudence. Qu'on m'apporte le
gros livre noir qui se trouve en haut sur l'étagère !
Un don du ciel
- J'ai besoin d'argent ! Dit Djeha en adressant une
prière à Allah. J'ai besoin de mille livres.
Hassan Bey, le riche marchand dont la cour était
contiguë à celle de Djeha, regardait du haut de sa
fenêtre. Il pouvait voir Djeha à genoux sur un tapis de
prière défraîchi, et murmurant inlassablement sa prière.
- Oh Allah ! J'ai besoin d'argent – de beaucoup
d'argent. J'ai besoin de mille livres. Huit cents livres ne
seraient pas suffisants, ni neuf cents, ni même neuf cent
quatre-vingt-dix-neuf. Je dois avoir exactement mille
livres. Je ne pourrais pas accepter une somme
inférieure. Oh Allah ! Envoyez-moi mille livres – le
plus tôt possible.
Hassan Bey, écoutant depuis sa fenêtre ouverte, a souri
comme il aurait souri à un enfant priant pour un
morceau de loukoum. Il a souri à l'idée de cette étrange
prière de Djeha.
- Il est temps, se dit-il, d'apprendre au vieux Djeha de
ne pas prier sans l’aide d’Allah pour que ses prières se
réalisent.
Il riait encore alors qu'un plan s'échafaudait dans son
esprit. Quittant son poste d'observation, Hassan Bey
retourna hâtivement à l'intérieur de sa chambre, où était
caché son argent. Il compta et recompta neuf cent
quatre-vingt-dix-neuf livres, mit l'argent dans un sac,