Page 123 - Histoire d'ANNIBAL par Cdt Eugène HALLIBERT 1870 - DZWEBDATA
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               Adherbal venait de recevoir de Carthage un renfort de 70 voiles commandé par
               Carthalon. Il complète à son lieutenant une division de 100 navires, et Carthalon
               culbute la flotte romaine en station devant Lilybée, pendant qu'Imilcon, l'homme
               des sorties vigoureuses, fait essuyer de nouvelles pertes à l'armée de terre. Après
               cet exploit, Carthalon va mouiller à Héraclée, dans l'espoir de couper de Lilybée
               le  convoi  signalé  de  Syracuse.  Les  questeurs  l'aperçoivent  et  se  dérobent
               rapidement, car leurs vaisseaux, armés en flûte, sont incapables de toute espèce
               de résistance. Ils se réfugient sous les catapultes de Phintias, et les Carthaginois,
               arrêtés dans la chasse qu'ils leur donnent, prennent position à l'entrée du fleuve
               Halycus, pour attendre la sortie de leur proie.

               Cependant  Junius  doublait  Pachynum  avec  400  transports  et  les  vaisseaux
               d'escorte. Carthalon se montre, et le consul, évitant à son tour le combat, se jette
               dans le port de Camarine. L'escadre carthaginoise, qui se sait dès lors en mesure
               d'empêcher la jonction des deux divisions de l'ennemi, conçoit, de plus, l'espoir
               de les détruire l'une après l'autre, et, à cet effet, s'établit solidement entre elles,
               ayant  Phintias  à  bâbord  et  Camarine  à  tribord.  L'imprudence  de  Junius  va
               recevoir sans doute un châtiment terrible.

               Un coup de mer bouleversa subitement les plans si sages de Carthalon. Pendant
               qu'il  était  à  son  poste  d'observation,  il  aperçut  vers  le  sud  tous  les  signes
               précurseurs d'une horrible tempête. Le siroco soufflait avec violence. Or la lame
               est alors redoutable en ces parages. En marin consommé, Carthalon se hâta de
               doubler  Pachynum,  pour  chercher  un  abri  derrière  quelque  massif  de  la  côte
               orientale. Quant aux Romains, leurs deux divisions allèrent ensemble à la côte.
               Les 800 transports et les 120 navires de guerre, tout fut perdu corps et biens, à
               l'exception de deux trirèmes.

               On comprend la joie de Carthage et la désolation de Rome. Mais ces événements
               sont  encore  loin  de  terminer  la  guerre.  On  vient  seulement  d'assister  aux
               premières scènes du drame punique.
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