Page 239 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
L'orgueil étant entré dans le cœur du serpent gi-
gantesque, Allah envoya un crapaud si grand que le
serpent tenait dans son oreille. Puis comme le cra-
paud s'enflait de vanité, il créa un fleuve si large que
le crapaud dut mettre un an pour le traverser. Le
fleuve péchant lui aussi par orgueil en se voyant si
énorme, un ange fut envoyé s'y laver : l'eau du
fleuve entier suffisait à peine pour débarbouiller la
moitié de sa figure...
Alors un autre ange, pour lui fournir du liquide,
cracha sur lui, et d'un seul jet de salive l'inonda com-
plètement, tout en proclamant :
— Je ne suis qu'une des infimes créatures
d'Allah...
3-C
Un Arabe avait une vieille paire de babouches qu'il
dédirait vendre et dont personne ne voulait.
Il cacha sous le talon, d'une façon assez apparente,
un douro d'argent, et se présenta chez un fripier juif,
lui offrant de lui vendre ses babouches. En les exami-
nant, le juif s'aperçut de la présence du douro. La
paire ne valait pas plus de quarante sous. Il en offrit
un douro, pensant qu'il l'aurait pour rien, puisqu'elle
contenait déjà une pièce de cette valeur.
L'Arabe accepta, prit l'argent et sortit. Mais avant
d'avoir fait trois pas, il revint et dit :
— Regarde donc si je n'ai rien laissé dans la babou-
che. Il me semble que j'y ai oublié quelque chose.
On trouva en effet la pièce que le juif dut rendre...
C'est une joie pour un Arabe — assez rare d'ail-
leurs — et presque une œuvre pie que de rouler un
juif.
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