Page 244 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
P. 244

HISTOIRES                            ARABES





    par la jeune fille, et jurèrent de se venger en couchant
    avec  elle.
      Comment     y  parvenir?
      — Laissez-moi faire, dit Mohand. Je va*? m'habiller
    en derviche pèlerin et je demanderai rho,^p;lalité dans
    sa famille. Quant à vous, placez-vous alors près de sa
    maison avec un panier de provisions au bout d'une
    corde.
      Ainsi  fît-il. La famille de la belle Yto fut heureuse
    d'accueillir un saint homme et lui     offrit de partager
    son repas.
      — Je n'en ai pas besoin, leur dit le faux derviche.
    Dieu me fait la grâce de me donner hii-même mon
    dîner chaque jour, en me l'envoyant du haut du ciel
    quand   je  le demande.
      Au même instant,      ses complices, grimpés    secrète-
    ment sur la terrasse de     la maison, faisaient descen-
    dre, dans la cour intérieure, le panier chargé de mets.
      Emerveillés,   les naïfs paysans   se jetèrent aux ge-
    noux de ce grand ouali (saint).
      — N'es-tu pas marié .^ lui demandèrent-ils après      le
    repas.
      — Non,    répondit-il. Pas encore. Dieu m'a promis
    que  la première femme avec       laquelle je coucherais
    mettrait  au monde un       futur  khalife  qui  serait  la
    gloire  de  l'Islam.  Mais  je  n'ai  pas  encore  trouvé
    femme qui en fût digne.
      Stupéfaits,  ils finirent par leur offrir leur fille, Yto.
    Il accepta, dressa un faux acte de mariage en décla-
    rant qu'un   saint comme     lui  n'avait pas besoin    de
    notaire et coucha avec sa belle.
      — Mais,    dit-il à celle-ci, je suis accoutumé de me
    lever trois  fois  la nuit pour faire mes prières.   Il ne
    faudra donc point t'étonner    si je quitte trois fois ton
    lit  cette  nuit.
                             — 249 —
   239   240   241   242   243   244   245   246   247   248   249