Page 248 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
P. 248
s l'IPH fUW\\'ÊV M M
HISTOIRES ARABES
Un mari, qui concevait non sans raison des soup-
çons sur sa femme, fit mine de partir en voyage et
revint se cacher chez lui pour la surveiller. Et voici
ce qu'il vit :
Un voisin, qui était marchand de cannes à sucre,
vint d'abord, offrit une canne à sucre à la femme,
puis lui déclara qu'il en avait une autre encore meil-
leure. Et la femme accueillit avec joie cette nouvelle
espèce" de canne à sucre.
Une heure après, vint un marchand de poulets,
qui, sortant son poulet sans plumes, fit exactement de
même.
Puis arriva un marchand de bananes à qui la dé-
bauchée demanda la meilleure de ses bananes, et il
lui confia quelques instants celle qui était, disait-il,
le seul héritage de son père.
Le pauvre mari n'en put supporter davantage; se
demandant quels nouveaux commerçants allaient ve-
nir, et craignant que son épouse ne fût le rendez-
vous de toutes les corporations de la ville, il préféra
mourir sur-le-champ de rage rentrée.
Alors la veuve, après s'être quelque temps demandé
si elle aimait mieux les cannes à sucre, les poulets
ou les bananes, épousa le marchand de celles-ci.
Une jeune femme trouva le moyen de tromper son
vieux mari et de passer trois nuits et trois jours en-
tiers avec son amant, sous le prétexte d'aller conso-
ler une voisine dont la mère venait de mourir.
Elle y resta plus longtemps qu'il n'était convenu,
étant fort occupée à réchauffer l'oiseau sous ses plu-
mes, et à bercer l'enfant dans son berceau.
- 253 -