Page 247 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
Alors l'infortuné ânier fut saisi par le barbier qui
le colla sur un tabouret avec son aide, sans faire atten-
tion à ses hurlements, lui arracha les molaires, lui
brûla les tempes au fer rouge, tout en priant Allah
que le traitement réussît.
Pendant ce temps, la vieille coquine s'était éclipsée,
non sans avoir trouvé le moyen de chiper au barbier
quelques rasoirs, quelques serviettes et quelques gla-
ces à main.
Alors le barbier, furieux, se précipita sur le pauvre
ânier tout sanglant et abasourdi, en lui criant :
— Oii est ta mère, fils de putain? Où est ta mère,
la maquerelle, ia voleuse ? Oii est ta mère, en... ?
'Mais le pauvre garçon pouvait à peine parler avec
les lambf^aux sanguinolents qui lui sortaient de la
bouche et faillit devenir fou pour tout de bon.
Tout s'expliqua enfin et les deux dupes s'unirent
pour se venger de la vieille. Ayant fini par la retrou-
ver, ils la conduisirent au pacha. Celui-ci venait de
sortir pour quelques instants. En attendant, on en-
ferma la prisonnière dans la maison du pacha, et les
deux hommes attendirent dans la cour.
La vieille rusée réussit à se glisser jusque dans ^a
chambre de la femme du pacha et lui dit :
— Ton mari m'a acheté hier deux esclaves, et je
viens les livrer.
La femme du pacha aperçut en effet par la fenêtre
les deux plaignants qui attendaient dans la cour.
Elle remit à Dolleh l'argent correspondant au prix des
esclaves et la fit sortir par une autre porte.
Quand le pacha rentra, la perfide s'était encore une
fois éclipsée, et les victimes eurent toutes les peines
du monde à prouver leur identité et à ne pas se faire
garder comme esclaves.
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