Page 250 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES                             ARABES





     son plaisir avec sa maîtresse. Elle eut à peine le temps
            satisfaire, car on frappa encore. Le quatrième
     de le
     amant, qui était lui aussi un serviteur du sultan, en-
     tra, tandis que le précédent rejoignait les deux autres.
        Il dut lui-même bientôt     se réfugier aussi dans ce
     local étroit, sombre et malodorant, car le mari rentra
     chez lui sur ces entrefaites.
        Or,  le mari était rentré plus tôt parce qu'il souf-
     frait d'une colique   affreuse.  Il demanda une tisane
                  .
     à son épouse et se précipita aux cabinets, oii    il ne fut
     pas peu étonné d'apercevoir quatre gaillards serrés les
     uns sur   les autres.
        Il ne douta pas de son infortune, mais craignant
     que   les quatre hommes vigoureux ne lui JSssent un
     mauvais parti pour s'échapper,     il eut l'idée de simu-
     ler la folie et la bêtise  :
        — O Messeigneurs,      s'écria-t-il, en  se prosternant
     à plusieurs   reprises, vous  êtes certainement des an-
      ges pour être entrés    ici dans une maison fermée       à
      clef. Quel honneur pour moi       et ma demeure      indi-
      gne  I C'est  la  vertu  et l'insigne  sainteté de mon
      épouse qui me valent cette grâce. Mais vous allez venir
      avec moi au    palais du sultan   ;  je vous présenterai
      à Sa Majesté. Vous avez certainement des révélations
      célestes  à  faire  à notre  maître...
        Il conduisit ainsi les quatre hommes au Sultan        et
      lui  dit  :
        —   O Sidna, permets     à ton   secrétaire de  te pré-
      senter quatre anges que Dieu m'a envoyés dans ma

      maison.   C'est  à  la grande vertu  et à  la  sainteté  in-
      comparable de l'épouse que tu as daigné me donner
      que  je dois sans doute cette faveur céleste     ;  car je
      les ai trouvés tous les quatre accroupis dans les cabi-
      nets de mon harem. Sur eux,       le salut et  les faveurs
      d'Allah  très haut  !
        Riant à en tomber sur son       derrière,  le Sultan lui
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