Page 255 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES                             ARABES




                                  3-C

         Un pêcheur était abonné au haschich et en prenait
       des doses capables de renverser les quatre pattes en
       l'air un vieil éléphant.
         Un   soir,  il  sortit au clair de lune  et, voyant   les
       rayons de la lune sur le pavé d'une rue, se crut ar-
       rivé au bord de la rivière,   et  y  jeta sa ligne.
         Un chien mordit aux viandes qui servaient d'ap-
       pât, fut pris à l'hameçon, tira en hurlant sur la ligne
       et renversa  le haschichin qui, se croyant noyé,      cria,
       ameutant tout    le quartier.
         On le releva et on le conduisit au cadi. Mais celui-ci
       était aussi grand amateur de chanvre indien         et,  re-
       connaissant un confrère, au lieu de       le  faire bâton-
       ner, l'invita à passer la nuit chez lui.
         Ils prirent une énorme quantité de haschich et se
       livrèrent  à toutes  sortes d'exentricîtés.
         A ce moment,      le sultan et son   vizir, déguisés en
       bourgeois,  se promenaient à travers      la  ville. Enten-
       dant du bruit,   ils entrèrent dans    la maison du cadi
       et restèrent ébahis devant    le spectacle qu'ils aperçu-
       rent  : deux hommes tout nus qui dansaient en chan-
       tant et l'un d'eux était   le vénérable cadi de la capi-
       tale, une dés lumières de     l'Islam...
         Le sultan   fit remarquer au vizir que    le zeb du pé-
       cheur était bien plus long et bien plus ^ros 'que celui
       du cadi.
         — Qu'as-tu     à parler tout bas à ton compagnon ?
       lui  dit  alors  le pêcheur. Ne sais-tu pas que je suis
       le sultan et que mon camarade est mon grand vizir         ^
         — Depuis quand donc
                                    es-tu sultan ?   demanda    le
       vrat sultan.
         — Efep\iis que    j'ai déposé mon prédécesseur. Mais
       cessons de parler politique. Moi,    j'ai une grande en-
       vie de pisser,  et je vais,  s'il te plaît, me soulager sur
       toi.
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