Page 256 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
Prenant position, il s'apprêtait en effet à faire
comme il avait dit, et son camarade le cadi mani-
festait aussi l'intention de pisser sur le vizir déguisé,
mu eut bien du mal à se sauver avec le sultan et a
échapper aux deux haschichins complètement ivres.
Le lendemain, le sultan fit appeler au palais le
cadi et son hôte et lui dit :
— Je veux te demander une fetoua (consultation
juridique et religieuse), ô sage cadi de l'Islam.
Quelle est la meilleure manière légale d'uriner ?
Doit-on pisser accroupi en relevant soigneusement
sa robe, à notre habitude, ou debout comme les roii-
mis en éclaboussant tout ? Ou bien encore doit-on
se mettre tout nu et uriner sur ses semblables comme
deux mangeurs de haschich de ma connaissance ?
A ces mots, le cadi comprit, se jeta à genoux et
demanda l'aman,
— C'est le haschich, dit-il, qui m'a poussé à cette
inconvenance. Par Allah, daigne me pardonner.
Alors le pécheur intervint et déclara :
— Quoi donc ! ô émir des croyants ! Si tu es
aujourd'hui dans ton palais, nous, nous étions hier
soir dans le nôtre.
Le sultan, qui était de bonne humeur, s'amusa de
tant de cynisme, et lui dit :
— Non seulement je te pardonne, ô le plus char-
mant fantaisiste et le plus aimable hurluberlu de
mon empire, mxais je te nomme chef suprême de la
corporation des mangeurs de haschich et cheikh de
la confrérie des hurluberlus.
3<-C
Une femme avait un amant, un jeune pauvre et
débauché qui lui extorquait de l'argent pour jouer
aux cartes et boire du vin. Un jour qu'elle n'avait
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