Page 254 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
cha le vieux, flasque et mol outil de l'uléma — que
maudit soit Satan le lapidé !
Réveillé en sursaut, le mari se précipita sur le
jeune homme, le saisit et l'enferma dans un coffre.
Puis il ameuta tous les gens du quartier pour con-
fondre sa femme devant témoins et alla chercher
celle-ci au hammam. Il la fît demander par quel-
qu'un, ne «pouvant entrer lui-même. Quand l'épouse
sut qu'il était venu avec un air furieux, des yeux
flamboyants et une voix terrible, lui faire demander
de sortir aussitôt, elle comprit le danger, sortit sous
les vêtements d'une autre femme et se rendit chez
elle.
Elle ouvrit le coffre, fît s'échapper son amant et
le remplaça par un petit ânon.
Puis elle revint au bain, en ressortit avec ses vrais
vêtements, suivit son mari en protestant de son inno-
cence.
Tous les voisins les suivaient et entrèrent avec eux
dans la maison.
— Quel malheur î disait-elle. Mon pauvre mari
est devenu fou. C'est la vieillesse qui en est cause.
Quelle calamité I!!
Le mari était en effet dans un état de fureur ex-
trême. Il conduisit tout le monde dans la chambre,
en agitant les bras et en maudissant la coquine. Puis
il ouvrit le coffre... d'où sortit, l'ânon, effrayé de
voir tous ces gens, à demi asphyxié, et poussant de
sonores hi ! han !
Le malheureux mari faillit devenir fou pour tout
de bon. Il ne savait plus lui-même s'il était victime
d'une hallucination ou dupe de sa femme. Il fallut
l'empêcher de se jeter sur celle-ci.
— Maudit soit Satan le lapidé ! disaient les gens.
Quelle triste maladie que la folie 1
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