Page 259 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
P. 259
HISTOIRES ARABES
lui et revint dire à sa femme ce qu'il avait remar-
qué.
— Comment, s'écria l'épouse imperturbable, tu
n'as pas pitié de cette pauvre vieille tante ! Tu n'as
pas eu honte de toucher ainsi les testicules de ma
respectable parente! Qu'Allah te donne ce qu'il a
donné à ma tante ! La pauvre vieille, elle est si
abandonnée, si malheureuse, que des testicules lui
ont poussé...
3-C
Le bouffon d'Haroun Ar Rachid, plus sage que
bien des hommes, avait le mariage en horreur.
Un jour pourtant le calife lui ordonna de se ma-
rier et lui fît don d'une charmante jeune femme.
iMais la nuit des noces, le bouffon étant entré dans
la chambre nuptiale, en ressortit aussitôt en pous-
sant des cris d'horreur et en gémissant lamentable-
ment.
— Qu'as-tu donc.»^ lui demanda sévèrement le
calife, en le voyant courir dans tout le palais comme
s'il était poursuivi par une multitude de djnoun
(génies) ou de terribles chayatin (satans, démons).
Comment oses-tu faire cet affront à cette femme et
qu'as-tu à lui reprocher.»^
— Pvien du tout, Seigneur, s'écria le bouffon. Je
l'ai trouvé gentille, belle et modeste. Mais à peine
étais-je entré dans le lit, j'entendis sortir plusieurs
voix du sein de mon épouse : l'une me demandait
ime robe, l'autre des bracelets, l'autre des khalPihah
anneaux de pieds), celle-ci des babouches, celle-là
une ceinture brodée, etc..
{( Alors je n'ai pu y tenir, et maigre le charme de
-264-