Page 246 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
— Et combien de poils dans ma barbe?
— Autant que de crins à la queue de mon âne.
— Quelle preuve?
— Coupons l'une et l'autre, et comptons.
Le roi, renonçant à le démonter, le congédia avec
un cadeau.
3-C
La vieille coquine Dolleh, célèbre à Bagdad pour
ses tours, ses ruses et ses brigandages, vola un jour
l'âne d'un pauvre jeune homme.
Celui-ci, la rencontrant quelques jours après, lui
réclama son âne, qui était son seul gagne-pain.
— Je n'ai pas voulu te le dérober, lui déclara DoJ-
leh. Je l'ai laissé chez le barbier de Ja rue une telle.
Viens le chercher avec moi.
Le jeune homme la suivit sans défiance, heureux de
retrouver sa bête.
Dolleh entra la première et dit au barbier, qui fai-
sait aussi, comme tous ses pareils, le métier d'arra-
cheur de dents :
— J'ai un fils qui souffre d'une rage de dents à
tel point qu'il est devenu quasi fou. Il va venir ici.
Arrache-lui les deux molaires et cautérise-lui, pour
le calmer, les tempes au fer chaud. Et surtout, n'aie
pas égard à ses protestati-ons ni à ses cris. Il est fou
et ne cesse de crier : « Mon âne! mon âne! » Mais
ton traitement ne manquera pas de le guérir. Voici
deux dirhems pour ta peine.
— Ne crains rien, ma bonne tante, dit le barbier.
Ce n'est pas la première dent que j'arrache. Fais en-
trer ton malheureux fils.
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