Page 267 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
— Il nous faut des flous (sous) à tout prix. Je vais
aller vendre notre âne au marché, mais je ne le lais-
serai pas à moins de mille dinars. C'est ce qu'il nous
faut pour acheter une maison neuve et vivre quel-
que temps à notre aise.
— Deviens-tu fou, mon pauvre enfant ? fit la
mère. Mille dinars, notre âne ! Il vaut tout au plus
vingt dirhems....
— J'en aurai mille dinars, affirma Joha.
Il colla en effet au derrière de son âne, entre les
cuisses et sous la queue, deux ou trois belles perles
authentiques et se rendit au souk avec l'animal.
— Combien ton àne ? lui demandait-on. k
— Mille dinars d'or.
Les gens passaient en haussant les épaules et en
riant.
Sur\int un riche bourgeois qui lui posa la même
question, mais, au lieu de s'en aller en se moquant,
demanda la raison d'un prix si élevé,
— C'est, dit Joha, que mon âne fait des perles.
— Comment cela ?
— Vois toi-même, dit Joha, en montrant les perles
mêlées aux excréments et collées aux fesses de la bêle.
— Ajouba! (ô merveille !) s'écria le bourgeois con-
vaincu. Mais mille dinars, c'est une somme exorbi-
tante.
— Je ne céderai pas mon âne à moins, déclara Joha.
Il vaut ce prix et même davantage.
Tenté par l'espoir de pouvoir désormais vivre uni-
quement et s'enrichir des crottins de l'animal mer-
Acill^x, rhojnme hésitait. N'ayant pas la somme, il
s'entendit av'ec deux amis et tous trois achetèrent
;
ràne à frais communs.
— - Mon âne, leur recommanda Joha, n'est pas un
animal vxilgaîre. Il ne dort pas dans une écurie sale
sur une litière de paille. Il faut, si v^ous voulez avoir
tous les matins des perles, le loger dans votre plus
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