Page 265 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
Par mégarde, le cavalier écrase un des doigts de
pied de Khaled.
Celui-ci pousse des cris, gémit longuement, et se
plaint au cavalier, qui, voyant la pauvreté des deux
Bédouins, leur donne une pièce d'argent en indemnité
de l'orteil écrasé.
Tout joyeux, les deux piétons continuent leur che-
min et arrivent devant une auberge. Ils avaient
grand'faim, et l'argent du cavalier était venu vrai-
ment fort à propos.
Ils entrèrent, se firent servir un bon dîner et
Khaled se consola vite de sa blessure.
Quant à Hatim, saisi d'inspiration sous l'influence
de la bonne chère, il improvisa en sortant le vers
suivant sur le mètre tawil :
Je ne craindrai jamais la faim, tant qu'il y aura
au monde un aubergiste, et des orteils aux pieds de
Khaled,
3-^C
Un jour, an hammam, Marouf mange des olives.
Il jette les noyaux en s'amusant à les lancer le plus
loin possible par une adroite pichenette du pouce et
de l'index.
Quelqu'un reçoit un noyau en plein œil et est à
moitié éborgné.
On ne sait quel est le coupable.
— Quel adroit viseur 1 imagine alors de dire la
victime. Il l'a fait entrer par un anneau du baquet
(pour mettre l'eau chaude) et sortir par l'autre...
Ajouba ! Quelle merveille !
— C'est moi qui ai fait cela, s'écrie alors Marouf,
tout fier.
— Alors, paie-moi une indemnité, dit l'autre, en
saisissant au bras 'Mai'ouf trahi par sa vanité.
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