Page 43 - Histoires et Contes Arabes - Bibliothèque du bon vivant - 1927 - DZWEBDATA
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HISTOIRES ARABES
quelque chitan (démon), s'enfuit précipitamment
avec sa maîtresse, abandonnant ses vêtements.
Non seulement Marouf s'empara de ceux-ci, mais
encore il emporta la mule sur laquelle était venu ie
cadi, et qui attendait à la porte.
Quand on vit, plusieurs jours après, que Marouf
se promenait sur la mule du cadi, et drapé dans le
manteau du cadi, on Tarrêta et on le conduisit devant
ce dernier.
Quand on lui demanda des explications, il déclara
au cadi voie
— J'ai assisté l'autre jour à une grande bataille.
Le prince rouge donnait assaut à la forteresse
blanche. Au plus fort du combat, une panique s'est
emparée des assaillants. Moi, j'ai ramassé le butin
abandonné sur le champ de bataille.
Le cadi comprit l'allusion, et comme il ne tenait
pas à ce que l'affaire fût divulguée, il dit :
— Garde donc le butin. Mais sois discret ; et si
on te demande : a As-tu vu le chameau ? », réponds :
Il doit avoir été mangé, avec son petit... Je n'ai
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rien vu. »
— Fort bien, dit Marouf. Je ne dirai rien, mais
à la condition que tu me paies le prix du chameau.
— Voici de l'argent, s'exécuta le cadi.
Mais, continuant à faire chanter le p^auvre homme :
— Surtout, poursuivit Marouf, si au lieu du petit
du chameau, tu me laisses la mule.
Il y avait un saint qui était toujours en malentendu
avec sa fenanie, laquelle trouvait toujours mal tout ce
qu'il faisait.
— Aujourd'hui, dit-il un jour à celle-ci, nous
avions une réunion entre saints, et nous nous y
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