Page 13 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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de me laisser consumer de chagrin !
C’en est fait : le souvenir d’un
malheur si commun ne troublera plus
désormais le repos de ma vie. »
En effet, dès ce moment il cessa de
s’affliger ; et comme il n’avait pas
voulu souper qu’il n’eût vu toute la
scène qui venait de se jouer sous ses
fenêtres, il fit servir alors, mangea
de meilleur appétit qu’il n’avait fait
depuis son départ de Samarcande, et
entendit même avec quelque plaisir un
concert agréable de voix et
d’instruments dont on accompagna le
repas.
Les jours suivants il fut de très-
bonne humeur ; et lorsqu’il sut que le
sultan était de retour, il alla au-
devant de lui, et lui fit son
compliment d’un air enjoué. Schahriar
d’abord ne prit pas garde à ce
changement, il songea à se plaindre
oblligeamment de ce que ce prince avait
refusé de l’accompagner à la chasse ;
et sans lui donner le temps de répondre
à ses reproches, il lui parla du grand
nombre de cerfs et d’autres animaux
qu’il avait pris, et enfin du plaisir
qu’il avait eu. Schahzenan, après
l’avoir écouté avec attention, prit la
parole à son tour. Comme il n’avait
plus de chagrin qui l’empêchât de faire
paraître combien il avait d’esprit, il