Page 159 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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je vous donne par mes discours et mes
gémissements ; est-ce
par insensibilité ou par mépris ? Ô
tombeau ! aurais-tu détruit
cet excès de tendresse qu’il avait pour
moi ? aurais-tu fermé ces
yeux qui me montraient tant d’amour et
qui faisaient toute ma
joie ? Non, non, je n’en crois rien.
Dis-moi plutôt par quel mira-
cle tu es devenu le dépositaire du plus
rare trésor qui fut ja-
mais. »
« Je vous avoue, seigneur, que je fus
indigné de ces paroles :
car enfin, cet amant chéri, ce mortel
adoré, n’était pas tel que
vous pourriez vous l’imaginer : c’était
un Indien noir, originaire
de ces pays. Je fus, dis-je, tellement
indigné de ce discours, que
je me montrai brusquement ; et
apostrophant le même tom-
beau, à mon tour : « Ô tombeau !
m’écriai-je, que n’engloutis-tu
ce monstre qui fait horreur à la nature
! ou plutôt, que ne
consumes-tu l’amant et la maîtresse ! »
« J’eus à peine achevé ces mots, que la
reine, qui était assise