Page 157 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
P. 157

mais je feignais de l’ignorer.

              « Un jour j’allai par curiosité au
              Palais des Larmes, pour sa-
              voir quelle y était l’occupation de
              cette princesse, et, d’un en-
              droit où je ne pouvais être vu, je
              l’entendis parler dans ces ter-
              mes à son amant : « Je suis dans la
              dernière affliction de vous
              voir en l’état où vous êtes ; je ne
              sens pas moins vivement que
              vous-même les maux cuisants que vous
              souffrez ; mais, chère
              âme, je vous parle toujours, et vous ne
              me répondez pas. Jus-
              ques à quand garderez-vous le silence ?
              Dites un mot seulement.
              Hélas ! les plus doux moments de ma vie
              sont ceux que je passe
              ici à partager vos douleurs. Je ne puis
              vivre éloignée de vous, et
              je préférerais le plaisir de vous voir
              sans cesse à l’empire de
              l’univers. »

              « À ce discours, qui fut plus d’une
              fois interrompu par ses
              soupirs et ses sanglots, je perdis
              enfin patience : je me montrai,
              et m’approchant d’elle : « Madame, lui
              dis-je, c’est assez pleu-
   152   153   154   155   156   157   158   159   160   161   162