Page 528 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
P. 528

de compassion, dirent que c’était
              dommage qu’un jeune homme
              si bien fait eût perdu l’esprit, et ils
              passèrent leur chemin.

              « Mon fils, lui dit un bon vieillard,
              vous n’y pensez pas ;
              puisque vous êtes ce matin à Damas,
              comment pouviez-vous
              être hier soir au Caire ? cela ne peut
              pas être. - Cela est pour-
              tant très-vrai, repartit Bedreddin, et
              je vous jure même que je
              passai toute la journée d’hier à
              Balsora. » À peine eut-il achevé
              ces paroles, que tout le monde fit un
              grand éclat de rire et se mit
              à crier : C’est un fou ! c’est un fou !
              Quelques-uns néanmoins le
              plaignaient à cause de sa jeunesse, et
              un homme de la compa-
              gnie lui dit : « Mon fils, il faut que
              vous ayez perdu la raison ;
              vous ne songez pas à ce que vous dites.
              Est-il possible qu’un
              homme soit le jour à Balsora, la nuit
              au Caire et le matin à Da-
              mas ? Vous n’êtes pas, sans doute, bien
              éveillé : rappelez vos
              esprits. - Ce que je dis, reprit
              Bedreddin Hassan, est si vérita-
              ble, qu’hier au soir j’ai été marié
              dans la ville du Caire. » Tous
   523   524   525   526   527   528   529   530   531   532   533