Page 591 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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nuit avec vous, je ne puis pas en avoir
              été éloigné si longtemps.
              Ces deux choses sont opposées. Dites-
              moi, de grâce, ce que j’en
              dois penser : si mon mariage avec vous
              est une illusion, ou si
              c’est un songe que mon absence. - Oui,
              seigneur, repartit Dame
              de Beauté, vous avez rêvé sans doute
              que vous avez été à Damas.
              - Il n’y a donc rien de si plaisant,
              s’écria Bedreddin en faisant
              un éclat de rire. Je suis assuré,
              madame, que ce songe va vous
              paraître très-réjouissant. Imaginez-
              vous, s’il vous plaît, que je
              me suis trouvé à la porte de Damas en
              chemise et en caleçon,
              comme je suis en ce moment ; que je
              suis entré dans la ville aux
              huées d’une populace qui me suivait en
              m’insultant ; que je me
              suis sauvé chez un pâtissier, qui m’a
              adopté, m’a appris son mé-
              tier et m’a laissé tous ses biens en
              mourant ; qu’après sa mort
              j’ai tenu sa boutique. Enfin, madame,
              il m’est arrivé une infinité
              d’autres aventures qui seraient trop
              longues à raconter, et tout
              ce que je puis vous dire, c’est que je
              n’ai pas mal fait de
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