Page 592 - Les Mile et une nuits - conte orientale libre de droit, par DZWEBDATA.COM
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m’éveiller, sans cela on m’allait
              clouer à un poteau. - Et pour
              quel sujet, dit Dame de Beauté en
              faisant l’étonnée, voulait-on
              vous traiter si cruellement ? Il
              fallait donc que vous eussiez
              commis un crime énorme. - Point du
              tout, répondit Bedreddin,
              c’était pour la chose du monde la plus
              bizarre et la plus ridicule.
              Tout mon crime était d’avoir vendu une
              tarte à la crème, où je
              n’avais pas mis de poivre. - Ah ! pour
              cela, dit Dame de Beauté
              en riant de toute sa force, il faut
              avouer qu’on vous faisait une
              horrible injustice. - Oh ! madame,
              répliqua-t-il, ce n’est pas
              tout, encore : pour cette maudite tarte
              à la crème, où l’on me
              reprochait de n’avoir pas mis de
              poivre, on avait tout rompu et
              brisé dans ma boutique, on m’avait lié
              avec des cordes et enfer-
              mé dans une caisse, où j’étais si
              étroitement qu’il me semble que
              je m’en sens encore. Enfin on avait
              fait venir un charpentier et
              on lui avait commandé de dresser un
              poteau pour me pendre.
              Mais Dieu soit béni de ce que tout cela
              n’est qu’un ouvrage de
              sommeil ! »
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