Page 130 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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champ être à lui». Bocchus, au premier abord, refuse
          vivement : « Le voisinage, la parenté, une alliance enfin,
          sont pour lui de puissants obstacles ; il craint même, s'il
          manque à sa foi, de s'aliéner ses propres sujets, qui ont de
          l'affection pour Jugurtha et de l'éloignement pour les
          Romains ». Cependant, lassé des instances réitérées de
          Sylla, il promet, d'assez bonne grâce, de faire tout ce que
          voudra celui-ci. Du reste, tous deux arrêtent leurs mesures
          pour faire croire à la paix, que désire ardemment le
          Numide, fatigué de la guerre. Leur perfide complot ainsi
          concerté, ils se séparent.

          CXII. Le lendemain, le roi mande Aspar, l'envoyé de
          Jugurtha ; il lui dit qu'il a, « par l'organe de Dabar, appris
          de Sylla que l'on peut, au moyen d'un traité, mettre fin à la
          guerre ; qu'il ait donc à demander à son maître quelles sont
          ses intentions ». Aspar, joyeux, se rend au camp de
          Jugurtha. Il en reçoit des instructions sur tous les points, et,
          hâtant son retour, il arrive, au bout de huit jours, auprès de
          Bocchus. Voici ce qu'il annonce : «Jugurtha accédera
          volontiers à tout ce que l'on exigera, il a peu de confiance
          en Marius, plus d'une fois déjà, ses traités, conclus avec les

          généraux romains, n'ont point été ratifiés, au surplus, si
          Bocchus veut travailler pour leurs intérêts communs, et
          arriver à une paix définitive, il doit faire en sorte que toutes
          les parties intéressées aient une entrevue, comme pour
          négocier, et là il livrera Sylla à Jugurtha ; dès qu'un
          personnage si important sera entre ses mains, le sénat et le
          peuple romain voudront à tout prix faire la paix, et

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