Page 125 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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ses traits, ses armes, et se tient prêt ; mais ce léger accès de
crainte cède bientôt à l'espérance, sentiment naturel à des
vainqueurs en présence de ceux qu'ils avaient souvent
vaincus. Cependant des cavaliers, envoyés en
reconnaissance, annoncent, ce qui était en effet, qu'on
n'avait à craindre aucune hostilité.
CVI. Volux arrive, et, s'adressant au questeur, se dit
envoyé par son père au devant des Romains pour leur
servir d'escorte. Ils marchent donc sans crainte avec lui
jusqu'au lendemain. Mais le jour suivant, à peine a-t-on
établi le camp, que tout à coup, sur le soir, le Maure, avec
un air de trouble, accourt vers Sylla. « Il vient d'apprendre
par ses éclaireurs que Jugurtha n'est pas loin, il faut donc
fuir secrètement avec lui pendant la nuit, il l'en conjure
avec instance ». Le Romain répond avec fierté : il ne peut
craindre le Numide, vaincu tant de fois par ses armes ; il se
repose entièrement sur la bravoure des siens, même, dans
le cas d'un désastre inévitable, il demeurerait pour ne point
trahir ceux qu'il commande, ni conserver, par une fuite
honteuse, une vie incertaine, et que pourrait, quelques
instants plus tard, terminer la première maladie. Au
surplus, il approuve le conseil que lui donne à Volux, de
lever le camp pendant la nuit, et ordonne aussitôt que les
soldats, après avoir soupé, allument dans le camp le plus de
feux qu'ils pourront, et qu'ensuite à la première veille ils
partent en silence. Tous étaient accablés des fatigues de
cette marche nocturne et Sylla, au lever du soleil, traçait
déjà son camp, lorsque des cavaliers maures annoncent que
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