Page 128 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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contraires, ne cédèrent qu'à la crainte, qui parla pour nous.
CIX. Sylla répond qu'il dira peu de choses en présence
d'Aspar : le reste se traitera en secret, avec le roi seul, ou
avec le moins possible de témoins, il dicte en même temps
la réponse que Bocchus devra lui faire publiquement.
L'entrevue ayant donc lieu comme il l'avait demandé, Sylla
dit qu'il a été envoyé par le consul pour demander à
Bocchus s'il voulait la paix ou la guerre. Alors le roi,
comme on le lui a prescrit, ordonne à Sylla de revenir dans
dix jours, il n'a encore pris aucune détermination, mais il
donnera alors sa réponse puis ils se séparent et retournent
dans leur camp. Mais, bien avant dans la nuit, Bocchus
mande en secret Sylla, ils n'admettent l'un et l'autre que des
interprètes sûrs, et pour médiateur Dabar, homme
irréprochable, également estimé de tous deux. Dès l'abord
Bocchus adresse à Sylla ces paroles :
CX. « Monarque le plus puissant de ces contrées et de tous
les rois que je connais, je n'ai jamais pensé que je pusse un
jour avoir des obligations à un simple particulier. Oui,
Sylla, avant de vous avoir connu, j'ai souvent accordé mon
appui aux uns quand ils me l'ont demandé, aux autres de
mon propre mouvement, et jamais je n'ai eu besoin de celui
de personne. J'ai perdu cet avantage ; mais, loin de m'en
affliger comme feraient bien d'autres, je m'en félicite, et je
m'estimerai heureux d'avoir eu besoin de votre amitié, que
mon coeur préfère à tout. Oui, vous pouvez me mettre à
l'épreuve, armes, soldats, trésors, prenez tout, disposez de
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