Page 127 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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l'embarras où l'on se trouve, est adopté. Les Romains se
mettent en marche à l'instant. Surpris de leur arrivée
imprévue, Jugurtha hésite, reste en suspens ; ils passent
sans obstacle, et arrivent en peu de jours à leur destination.
CVIII. Auprès de Bocchus était alors un Numide, nommé
Aspar, admis dans son intime familiarité. Jugurtha l'avait
envoyé pour défendre ses intérêts et pour épier avec
adresse les desseins du roi maure, sitôt qu'il avait appris
que Sylla avait été mandé par ce prince. Près de Bocchus
était aussi Dabar, fils de Massugrada, de la famille de
Masinissa, mais illégitime du côté maternel, car son père
était né d'une concubine. Les agréments de son esprit le
rendaient cher et agréable à Bocchus, qui, ayant eu
plusieurs fois l'occasion de reconnaître son attachement
pour Rome, l'envoya aussitôt annoncer à Sylla qu'il était
prêt à faire tout ce que demanderait le peuple romain, que
Sylla fixât lui-même le jour, le lieu, le moment d'une
entrevue, aucun engagement antérieur n'entraverait leur
délibération et la présence de l'envoyé de Jugurtha ne
devait lui causer aucun ombrage : on ne l'avait appelé que
pour rendre leur négociation plus facile, c'était, d'ailleurs,
le meilleur moyen de prévenir les entreprises de ce prince
artificieux. Quant à moi, j'en suis convaincu, Bocchus,
agissant d'après la foi punique plutôt que d'après les motifs
qu'il mettait en avant, amusait en même temps les Romains
et le Numide par l'espérance de la paix ; longtemps il
délibéra en lui-même s'il livrerait Jugurtha aux Romains,
ou Sylla au Numide, et ses affections, qui nous étaient
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