Page 129 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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tout, tant que vous vivrez, ne croyez pas que ma
reconnaissance soit jamais satisfaite, elle sera toujours
entière, enfin, quels que soient vos souhaits, si j'en suis
informé, vous ne les formerez pas en vain ; car, à mon avis,
il est plus humiliant pour un roi d'être vaincu en générosité
que par les armes. Quant aux intérêts de Rome, dont vous
êtes auprès de moi le mandataire, voici en peu de mots ma
déclaration. Je n'ai point fait, je n'ai jamais eu l'intention de
faire la guerre au peuple romain, mes frontières ont été
attaquées, je les ai défendues les armes à la main ; mais je
passe là-dessus, puisque vous le désirez, faites comme vous
l'entendrez la guerre à Jugurtha. De mon côté, je ne
franchirai pas le fleuve Mulucha, qui servait de limite entre
Micipsa et moi, et j'empêcherai Jugurtha de le traverser. Au
reste, si vous me faites quelque demande digne de Rome et
de moi, vous n'essuierez point un refus ».
CXI. A ce discours Sylla répond, sur ce qui lui est
personnel, en peu de mots et avec réserve : il s'étend
beaucoup sur la paix et sur les intérêts des deux nations.
Enfin, il déclare franchement au roi «que toutes ses
promesses ne toucheront guère le sénat ni le peuple romain,
qui ont eu sur lui l'avantage des armes ; il lui faut donc
faire quelque chose qui paraisse plus dans l'intérêt de Rome
que dans le sien, il en a, dès l'instant même, le moyen,
puisqu'il peut s'assurer de la personne de Jugurtha ; s'il le
livre aux Romains, alors on lui aura de réelles obligations ;
l'amitié de Rome, son alliance, une partie de la Numidie,
qu'il peut demander dès à présent, tout cela va sur-le-
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