Page 124 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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opposent avec dureté, oubliant sans doute l'instabilité,
l'inconstance des prospérités humaines, toujours prêtes à se
changer en revers. Cependant les Maures ont tous obtenu et
trois d'entre eux partent pour Rome avec Cn. Octavius
Rufus, questeur, qui avait apporté la solde des troupes en
Afrique, les deux autres retournent vers leur roi. Bocchus
apprit d'eux avec plaisir le résultat de leur mission, surtout
la bienveillance et le bon accueil de Sylla. Arrivés à Rome,
ses ambassadeurs demandent grâce pour l'erreur de leur
maître, qui n'a failli que par le crime de Jugurtha,
sollicitent l'alliance et l'amitié du peuple romain. On
répond : « Le sénat et le peuple romain n'oublient ni les
bienfaits ni les injures cependant, puisque Bocchus se
repent, on lui pardonne sa faute : alliance et amitié lui
seront accordées quand il l'aura mérité ».
CV. Informé de cette réponse, Bocchus écrit à Marius pour
le prier de lui envoyer Sylla, qui prononcera comme arbitre
sur leurs intérêts communs. Sylla reçoit ordre de partir avec
une escorte composée de cavaliers, de fantassins, de
frondeurs baléares, puis d'archers et d'une cohorte de
Péligniens ; ils sont armés comme les vélites, ils pourront
ainsi accélérer leur marche, et ils seront suffisamment
garantis contre les traits légers des Numides. Enfin, après
une route de cinq jours, Volux, fils de Bocchus, se montre
tout à coup dans ces vastes plaines avec mille chevaux tout
au plus. Cette troupe éparse et sans ordre paraît à Sylla et à
tous ses soldats beaucoup plus nombreux. On craint que ce
ne soit l'ennemi. Chacun prend aussitôt son poste, dispose
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