Page 120 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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tombent à droite, à gauche, enfin, seul, il se fait jour au
travers de nos traits, qu'il sait éviter. De son côté, Marius,
après avoir repoussé la cavalerie, vole au secours des siens,
dont il vient d'apprendre l'échec. Enfin les ennemis sont
battus de toutes parts. Alors quel horrible spectacle dans
ces plaines découvertes ! Les uns poursuivent, les autres
fuient, ici on égorge, là on fait des prisonniers, hommes,
chevaux, gisent abattus, les blessés, et le nombre en est
grand, ne peuvent ni fuir ni supporter le repos, un instant
ils se relèvent avec effort, et retombent aussitôt, aussi loin
enfin que la vue peut s'étendre, ce ne sont que monceaux
de traits, d'armes et de cadavres et dans les intervalles, une
terre abreuvée de sang.
CII. Dès lors assuré de la victoire, le consul gagne enfin
Cirta, premier but de sa marche. Cinq jours après la
seconde défaite des Barbares, arrivent dans cette ville des
députés de Bocchus, d'après les instructions de leur roi, ils
demandent à Marius d'envoyer auprès de lui deux hommes
investis de toute sa confiance, et avec lesquels Bocchus
discutera ses intérêts et ceux du peuple romain. Marius fait
aussitôt partir L. Sylla et A. Manlius. Quoique venus sur la
demande du roi, ils crurent cependant devoir lui faire les
premières ouvertures, soit pour changer ses dispositions
hostiles, s'il pensait à rester ennemi, soit, dans le cas où il
souhaiterait la paix, pour la lui faire désirer plus
ardemment. Cédant à l'éloquence le privilège que l'âge lui
donnait, Manlius laissa la parole à Sylla, qui adressa au roi
ce peu de paroles : «0 roi Bocchus ! notre joie est grande
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