Page 116 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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conseil de sa position, et, voulant assurer aux siens un lieu
pour la retraite, il s'empare de deux hauteurs voisines l'une
de l'autre. L'une, peu spacieuse pour un campement, était
rafraîchie par une source abondante ; l'autre offrant une
position favorable, par son élévation et son escarpement,
n'exigeait que peu d'ouvrages pour devenir inexpugnable.
Marius ordonne donc à Sylla de passer la nuit auprès de la
source avec la cavalerie. Pour lui, au milieu des ennemis
non moins en désordre que les Romains, réunissant de
proche en proche ses soldats dispersés, il en forme un seul
corps, qu'il conduit au pas accéléré sur la seconde hauteur.
Par la force de cette position, les deux rois se voient
obligés de mettre fin au combat. Cependant ils ne laissent
pas leurs troupes s'éloigner, toute cette multitude se répand
sans ordre autour des deux hauteurs. Alors, allumant des
feux de tous côtés, les Barbares, pendant la plus grande
partie de la nuit, témoignent leur joie, selon leur coutume,
par des danses bruyantes, et par des cris confus. Leurs
chefs aussi sont enivrés d'orgueil : pour n'avoir pas fui, ils
se croient vainqueurs. Les Romains, de leurs hauteurs
environnées de ténèbres, dominant toute la plaine,
observaient à leur aise toute cette scène de tumulte, et
c'était pour eux un puissant encouragement.
XCIX. Pleinement rassuré par l'impéritie des ennemis,
Marius prescrit d'observer le plus rigoureux silence, et
défend aux trompettes de sonner, selon l'usage, pour les
veilles de la nuit puis, à peine le jour commence-t-il à
poindre, à peine l'ennemi fatigué vient-il de céder au
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