Page 114 - GUERRE DE JUGHURTA par SALLUSTE - Traduction Ch. Durozoir - 1865 - DZWEBDATA
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pour le conseil et pour l'exécution, il ne pouvait souffrir
que personne l'emportât sur lui, et il était supérieur à la
plupart. Voilà par quelles qualités, par quels moyens, Sylla
devint bientôt cher à Marius et à l'armée.
XCVII. Cependant, après avoir perdu Capsa, d'autres
places fortes et importantes, et une partie de ses trésors,
Jugurtha envoie à Bocchus des courriers pour lui mander
d'amener au plus tôt ses troupes dans la Numidie : il était
temps de livrer bataille. Apprenant que ce prince diffère,
qu'il hésite et pèse tour à tour les chances de la paix et de la
guerre, le Numide corrompt par des présents, comme il l'a
déjà fait, les confidents de Bocchus, et promet à ce prince
lui-même le tiers de la Numidie, si les Romains sont
chassés de l'Afrique, ou si un traité qui laisse à Jugurtha
tout son territoire vient terminer la guerre. Séduit par cette
promesse, Bocchus, avec des forces nombreuses, se joint à
Jugurtha. Après avoir ainsi réuni leurs armées, au moment
où Marius part pour ses quartiers d'hiver, ils l'attaquent,
lorsqu'il restait à peine une heure de jour. Ils comptaient
que la nuit, qui déjà approchait, serait, en cas de revers, une
protection pour eux, sans devenir, en cas de succès, un
obstacle, car ils connaissaient les lieux, dans les deux cas,
au contraire, les ténèbres seraient nuisibles aux Romains. A
peine donc le consul a-t-il été de toutes parts averti de
l'approche de l'ennemi, que déjà l'ennemi paraît. L'armée
n'a pu encore se ranger en bataille, ou rassembler ses
bagages, ou enfin recevoir aucun signal, aucun ordre, que
déjà les cavaliers maures et gétules, non point en escadrons
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